La psyché selon Carl Jung se développe en plusieurs étapes et atteint son état optimal ou le plus élevé à travers le processus d’individuation.
Grâce à ce processus, vous éliminez la distinction entre vos structures psychiques, de sorte qu’elle fonctionne en harmonie comme une seule composante psychique.
L’individuation est à la psyché ce que l’évolution est à la biologie.
Jung décrit l’individuation comme un processus d’auto-réalisation qui pousse à découvrir le véritable but et la signification de la vie.
Trois dynamiques de la psyché
Pour comprendre pleinement le processus d’individuation, vous devez d’abord comprendre la structure de votre psyché.
Elle a trois dynamiques : l’ego, la persona et l’ombre.
L’identité, c’est votre ego, votre perception de vous-même, le centre de votre conscience. Ce que vous vous attribuez crée le sens du « moi » — votre ego. Il n’est cependant pas constant et change avec le temps.
La persona est le masque que vous portez pour vous présenter au monde. Ce n’est qu’un aperçu de votre vraie personnalité formée comme un bouclier protecteur, pour satisfaire votre tendance innée à être aimable et à appartenir à un groupe.
L’ombre est les aspects négligés ou ignorés de votre psyché, le résultat de répressions ultérieures se manifestant dans des conditions stressantes. Bien qu’il soit parfois difficile à identifier, il se révèle souvent à travers les rêves.
Jung appelle ces dynamiques les archétypes.
Il souligne également divers autres complexes archétypaux qui composent votre psyché. La psychologie jungienne vise à trouver un moyen de réguler l’équilibre entre les différents archétypes afin que vous puissiez finalement devenir votre « soi » complet.
5 étapes du processus d’individuation :
Étape I : Souffrance
« Sans douleur, il n’y aurait pas de souffrance. Sans souffrance, nous n’apprendrions jamais de nos erreurs. Pour bien faire, la douleur et la souffrance sont la clé de toutes les fenêtres, sans elles, il n’y a pas de chemin de vie. » – Angelina Jolie
La douleur est le stimulus qui pousse votre esprit à penser différemment. Quelqu’un a dit à juste titre :
« Les plus grandes âmes s’éveillent de la souffrance. Les personnalités les plus impressionnantes ont de nombreuses cicatrices. »
Mais parfois, votre esprit réprime vos cicatrices pour vous protéger du traumatisme, et comme aucune énergie n’est jamais perdue, la répression se projette elle-même comme une réponse aux déclencheurs émotionnels.
Le seul moyen de surmonter la souffrance est de l’accepter au lieu de l’éviter.
Clare Graves, professeur de psychologie à l’Union College, à New York, a trouvé dans son travail que le fait de rencontrer des problèmes existentiels complexes augmente la conscience de l’individu.
Étape II : Intégrer votre ombre (Ego)
Les ombres font référence aux fantasmes inconscients qui se forment lorsque les émotions sont réprimées au fil du temps.
Après avoir atteint un seuil, il se projette dans votre réalité de manière inconsciente. Plus la projection est importante, plus vous serez déconnecté de votre moi authentique.
Dans la société d’aujourd’hui, surtout, ce déséquilibre énergétique n’est pas rare.
Le traumatisme de l’enfance, les abus sexuels ou la négligence des besoins psychologiques des enfants sont les principales causes du développement d’un complexe psychologique.
Si cela n’est pas guéri, cela se traduira par des situations de vie subconsciemment attirantes qui s’inscriront dans ce schéma.
Vous voyez, les ombres se comportent beaucoup comme des blessures physiques.
Comme les blessures qui s’infectent si elles sont laissées sans surveillance, il en va de même pour vos ombres.
L’idée est de les accepter et de les intégrer dans votre psyché.
Pour cela, vous devez être aimant et indulgent envers vous-même et savoir que vos imperfections font autant partie de vous que vos perfections.
Comme le dit Jung,
« Les parties de notre psyché qui ne sont pas affrontées et ressenties sont la source de toute névrose et souffrance. »
Étape III : Anima/Animus (Ordre)
C’est une étape où vous prenez conscience des polarités qui motivent les motifs derrière vos actions.
L’anima est la composante féminine chez l’homme tandis que l’animus est la composante masculine chez la femme.
Vous devez apprendre à intégrer vos polarités afin de devenir un maître dans l’embrassement de votre « soi » complet.
L’anima et l’animus font le soi complet de la psyché humaine. Cet équilibre se voit dans tout ce qui nous entoure, de l’équilibre dans la nature à la création de l’univers (matière, anti-matière):
Imaginons un instant un jardin luxuriant, où chaque plante, chaque fleur incarne soit l’anima soit l’animus. L’une serait les roses, symboles de la passion et de l’amour, représentant le côté anima : sensible, nourricier, intuitif. L’autre serait un chêne robuste, incarnant l’animus : solide, fiable, et ancré dans la raison. Le jardin n’est réellement équilibré et harmonieux que lorsque les deux coexistent et s’entremêlent. En somme, ce jardin est une métaphore de notre psyché, un équilibre entre notre côté masculin et féminin.
Prenons l’exemple bien connu du Yin et du Yang dans la philosophie orientale. C’est une illustration éloquente de la complémentarité des contraires. Comme dans une symphonie, chaque note, chaque instrument a son importance. Le Yin et le Yang nous rappellent que la dualité n’est pas une imperfection, mais une nécessité pour créer une mélodie harmonieuse.
Si l’on se tourne vers la majestuosité de la nature, l’équilibre y est partout. La prédation et la régénération, les saisons qui se succèdent, la pluie et le soleil — tous concourent à un équilibre qui permet à la vie de s’épanouir. Cette harmonie naturelle est un écho de l’équilibre entre l’anima et l’animus en nous.
Et enfin, si l’on élève notre regard vers les étoiles, l’univers lui-même semble être régi par cet équilibre. Matière et anti-matière, forces de gravité et d’expansion, tout concourt à maintenir un équilibre précaire mais indispensable. C’est comme une grande symphonie cosmique où chaque note, chaque pause, a son importance.
Pour conclure, l’harmonie entre l’anima et l’animus n’est pas qu’un simple concept psychologique. C’est un principe fondamental qui résonne dans l’ensemble du cosmos, du jardin intérieur de notre âme jusqu’aux confins de l’univers.
En cherchant à intégrer ces deux aspects en nous, nous nous engageons sur la voie de la réalisation du « Soi », cette quête ultime qui nous permet de vivre en accord avec notre véritable nature. N’est-ce pas là le but de toute vie humaine ?
En termes simples, vous devez être conscient de vos impulsions du cerveau gauche et du cerveau droit et les équilibrer. Par exemple, si vous êtes une personne analytique, vous devrez peut-être donner un coup de pouce à votre côté créatif pour maintenir cette harmonie.
Étape IV : Le sage (Social)
C’est l’étape où vous étendez l’appréciation de la vie acquise à l’étape III à travers un sentiment d’empathie écologique.
Vous réalisez que la coopération est beaucoup plus durable et moins énergivore que la compétition. En conséquence, vous transcendez cette dualité de la vie.
Vous commencez à apprécier chaque personne pour ce qu’elle est et à reconnaître l’unicité de toutes choses.
Dans ce processus, vous réalisez combien tout est subjectif.
Grâce à cette compréhension de la dualité, vous en apprenez davantage sur le sens de la vie et partagez en quelque sorte les mêmes désirs que le créateur.
« L’archétype du sage apparaît d’abord dans le père, étant une personnification du sens et de l’esprit dans son sens procréatif. » – Carl Jung
À ce stade, les gens s’entendent bien avec les autres, forment des communautés et des organisations qui servent le bien commun.
Étape V : Soi/Une conscience (Liberté)
Le soi est l’archétype de la totalité.
À ce stade, votre conscience s’étend d’une perspective limitée à une perspective supérieure éternelle.
C’est votre soi complet qui émerge après avoir intégré vos archétypes anima et animus.
C’est une nouvelle version de vous que Nietzsche appelle l’homme supérieur.
Vous incarnez l’unicité qui fait de vous « VOUS ».
C’est l’état ultime d’acceptation de soi.
Jung décrit souvent le soi comme l’archétype du créateur.
Cela signifie qu’à ce stade, vous commencez à percevoir le monde comme Dieu le percevrait.
Cette idée est très similaire aux enseignements de la Kabbale.
Vous devenez très empathique envers les autres et conscient de l’impact de vos actions sur les autres.
Pourquoi nous individuons-nous ?
À mon avis, le but ultime du processus d’individuation est l’évolution collective d’une espèce et l’histoire le soutient.
Nous avons de nombreuses preuves dans la littérature, le folklore, les mythes, les arts, etc. qui montrent comment l’humanité a évolué pour refléter une vision du monde.
Par exemple, jusqu’à ce que Copernic propose son modèle héliocentrique, les gens croyaient que la terre était plate.
Cependant, l’évolution positive de la société n’est possible que lorsqu’un seuil de personnes réalise qui elles sont vraiment au-delà du conditionnement sociétal. De là, émergeront des actions qui sont en accord avec l’âme et ce qui compte vraiment plutôt que celles basées sur des besoins matérialistes en 3D.
Je dois également vous avertir que ce processus n’est pas simple.
Ses chemins sont remplis d’obstacles et la vie elle-même devient un test.
Mais si vous pouvez affronter vos ombres et apprendre les leçons, votre contentement dans la vie ne connaîtra aucune limite.
« Pour autant que nous puissions discerner, le seul but de l’existence humaine est d’allumer une lumière de sens dans l’obscurité du simple être. » – Carl Jung